Canton : Alpes-Maritimes
Commune : Nice
Adresse : 06000 Nice
Introduction
L’un des grands romanciers du XXe siècle, auteur inspiré d’essais sur l’art, proches des artistes tels que Picasso ou Chagall, Malraux est ministre de la Culture du général de Gaulle de 1959 à 1969. Durant ces dix années il décide la réalisation d’équipements culturels d’État dans les Alpes-Maritimes, en tout premier lieu la Villa Arson et le musée Marc Chagall à Nice. Il favorise l’évolution du musée Fernand Léger à Biot vers le statut de musée public. Il contribue à la création de la Fondation Maeght qu’il inaugure par un discours fameux (« ceci n’est pas un musée ») et qui accueillera l’exposition issue de son ouvrage éponyme « Le Musée Imaginaire ». Ses visites et rencontres dans la région sont le matériau de plusieurs passages de ses mémoires remaniées jusqu’à la fin de sa vie.
Le projet politique d’André Malraux Ministre de la culture est résumé dans l’article 1er du décret « portant organisation du ministère » qu’il a lui-même rédigé : « Le ministère chargé des
Affaires culturelles a pour mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre possible de Français ; d'assurer la plus vaste audience à son patrimoine culturel ; de favoriser la création des œuvres de l'art et de l'esprit qui l'enrichissent. »
Le quarantième anniversaire de sa disparition le 23 novembre 1976 est l’occasion d’évoquer André Malraux, premier ministre de la Culture de la France, à travers quelques-unes de ses réalisations dans les Alpes-Maritimes.
La Villa Arson, Nice
La création de la Villa Arson, fruit d’un programme ambitieux combinant école d’art, espace d’exposition et résidence d’artistes, constitue certainement pour la Côte d’Azur la décision la plus importante d’André Malraux.
L’initiative de sauvegarder le domaine Arson revient à la Ville de Nice, qui - après l’avoir envisagé dès 1931 - décide son acquisition en juillet 1943, peu après l’inscription de la villa et ses jardin au titre des Monuments historiques (1er mars 1943). Les négociations avec le propriétaire et les occupants reprennent après-guerre et la Ville ne récupère le bâtiment, en mauvais état, qu’en septembre 1964.
Entretemps va s’imposer l’idée de faire de la Villa Arson une école et un centre d’art, portée par le doyen Jean Lépine, adjoint au Maire et par Pierre Oliver, directeur de l’école des arts décoratifs de Nice depuis 1962. Dès juillet 1963, le domaine Arson est mis à disposition du Ministère de la culture. En juillet 1964, Max Querrien, directeur de l’architecture au Ministère de la culture, choisit Michel Marot comme architecte du projet et en avril 1965, le ministère accepte la donation du domaine par la Ville.
Michel Marot, avec son associé Daniel Tremblot et l’architecte niçois Pierre Allard pour l’exécution, décide d’investir la totalité du terrain de 23.000 m² en rehaussant les terrasses existantes d’environ 5 mètres afin d’y loger l’ensemble du programme. Lancés à l’automne 1967, les travaux s’achèvent en 1970. L’équipement est officiellement inauguré le 20 mai 1972 par le successeur de Malraux, Jacques Duhamel.
Mais c’est bien André Malraux lui-même, conquis par le lieu dès 1962, qui permit la création de la Villa Arson en adoptant dès l’origine le projet ambitieux d’un centre international d’enseignement et de création artistique. Aujourd’hui établissement public sous tutelle du Ministère de la culture, la Villa Arson présente toujours la particularité unique en Europe de rassembler en un même lieu une école nationale supérieure d’art, un centre national d’art contemporain, une médiathèque d’art et des résidences d’artistes.
Documentation numérique :
- Maquette numérique de la Villa Arson : http://puget.marseille.archi.fr/master-cci/2008
- Site Internet de la Villa Arson :http://www.villa-arson.org/histoire-architecture
Le Musée Marc Chagall, Nice
Les thèmes bibliques apparaissent dans l’œuvre de Marc Chagall (1887-1985) dès 1925, d’abord sous forme de gouaches et d’eaux-fortes. Il peint les douze toiles du Message Biblique et les cinq toiles du Cantique des Cantiques à partir de 1953 et c’est après la commande du plafond de l’Opéra de Paris en 1964 qu’André Malraux propose à Chagall de faire acte de donation de ces dix-sept peintures monumentales à l’État, en échange de quoi le premier musée consacré à un artiste vivant sera édifié, non pas à Paris mais sur un terrain choisi à Nice par l’artiste, à proximité de Vence où il demeurait. La donation comprendra également des vitraux, une mosaïque et une tapisserie créés pour l’occasion, Chagall gardant un droit de regard non seulement sur le programme, mais aussi sur le projet architectural confié à André Hermant (1908-1978). Inauguré en 1973 en présence d’André Malraux et de l’artiste, le Musée national Message Biblique Marc Chagall incarne un modèle de musée innovant, fonctionnel, au service des œuvres et du public, dont les principes muséographique seront déclinés ailleurs dans les décennies qui suivent.
La pose de la première pierre du musée en février 1969 donne lieu à un épisode fameux de l’histoire de la performance sur la Côte d’Azur. En effet, en signe de révolte contre l’art de Marc Chagall, Pierre Pinoncelli asperge le ministre de la culture d’encre rouge à son arrivée sur le site, acte scandaleux qui fera la une de la presse locale, nationale et internationale (plus de 120 articles de presse seront recensés !). Ce que l’on connait moins c’est la réaction d’André Malraux qui a promptement « désarmé » l’artiste provocateur et l’a aspergé à son tour, déclarant par la suite, tout en refusant de porter plainte : « Il s’agit d’un acte de contestation purement esthétique … Je trouve merveilleux qu’à notre époque on puisse encore contester la peinture dans la rue » (Nice-Matin 5 févier 1969).
Documentation numérique :
- Site Internet du Musée Chagall :http://musees-nationaux-alpesmaritimes.fr/chagall/
- Site Internet La performance sur la Côte d’Azur : http://performance-art.fr/fr/performance/attentat-culturel
Ressource INA RAF04024834 : Pose de la première pierre du futur musée Marc Chagall à Nice, Février 1969
Le musée Fernand Léger, Biot
Sur le terrain acquit à Biot par Fernand Léger (1881-1955) peu avant sa disparition, sa veuve Nadia fait édifier un musée dédié à son œuvre et en particulier aux peintures et sculptures monumentales. Conçu par l’architecte André Svetchine, le musée de statut privé est inauguré en mai 1960 sous le patronage de Picasso, Braque et Chagall. Il devient public après la donation à l’État de l’édifice, des 348 œuvres qu’il conserve, et de ses jardins. Le musée national Fernand Léger est inauguré par André Malraux en févier 1969, cérémonie lors de laquelle l’auteur du Musée Imaginaire dialogue avec Nadia Léger et Georges Bauquier, ancien assistant de Fernand Léger. Le ministre des affaires culturelles déclare en conclusion : « Et j’ajouterai que c’est certainement un jour heureux que celui où les collections nationales accueillent l’œuvre du seul homme de génie qui ait jamais été capable de créer des images du travail dans la véritable peinture. »
Documentation numérique :
- Site Internet du Musée Fernand Léger : http://musees-nationaux-alpesmaritimes.fr/fleger
- Ressource INA RAF04001815 : André Malraux et Nadia Léger au musée Fernand Léger de Biot, Février 1969
- http://www.ina.fr/audio/PHF06054044/inter-actualites-de-20h00-du-4-fevr…
La Fondation Maeght
Proche d’Aimé et Marguerite Maeght, André Malraux l’était également de la plupart des artistes qui vont participer à la réalisation de la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence, en particulier Marc Chagall. D’après Jean-Louis Pratt, son directeur jusqu’en 2004, Aimé Maeght a toujours exprimé sa dette envers Malraux sans qui la Fondation n’aurait pas eu d’existence administrative (le décret instituant la Fondation Marguerite et Aimé Maeght est signé quelques jours avant son ouverture !). C’est en toute logique que le Ministre des affaires culturelles vient lui-même inaugurer la Fondation le 28 juillet 1964 et y prononcer le bref et fameux discours ponctué par la sentence « ceci n’est pas un musée » et conclu comme suit : « Ici est tenté […] quelque chose qu’on a jamais tenté : créer l’univers - et instinctivement, par l’amour - l’univers dans lequel l’art moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui s’appelait jadis le surnaturel. »
En hommage à André Malraux, la Fondation Maeght va organiser en 1973 une exposition exceptionnelle inspirée de son livre Le Musée Imaginaire. Publié en 1947 et remanié en 1963, Le Musée Imaginaire fait partie des essais sur l’art où l’écrivain, par le recours à la reproduction photographique, rapproche et confronte les œuvres d’art du monde entier, dépassant les contraintes chronologiques ou géographiques de l’histoire de l’art. Rassemblant un grand nombre de pièces de toutes provenances et périodes, l’exposition conçue par Jean-Louis Pratt réussit la prouesse de rendre concrète, par la présence effective des œuvres, l’idée de musée imaginaire. L’exposition est accompagnée d’un catalogue intitulé sobrement André Malraux Fondation Maeght.
Documentation numérique :
- Site de la Fondation Maeght : http://www.fondation-maeght.com/
- Ressources INA
- I00013135 : André Malraux inaugure la fondation Maeght (28 juillet 1964)
- CAB7601718801 Fondation Maeght : le musée imaginaire (visite préalable au vernissage, juillet 1973)
- CAF97016349 MALRAUX FONDATION MAEGHT (vernissage, juillet 193)
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