Présentation
Cette œuvre est emblématique de ce lieu : La salle des mariages de la mairie de Jean Cocteau à Menton. L’étude ci-après s’adresse aux professeurs et aux élèves. Elle constitue un parcours de formation, reposant sur la découverte de quatre critères : formes, techniques, significations et usages.
Elle propose différentes approches disciplinaires et transversales.
Que percevez-vous ?
Salle des mariages de Menton- Jean Cocteau. Panneau de gauche, scène de la noce imaginaire.
On observe une scène animée de personnages en mouvement malgré l’immobilité de l’art pictural. Ce mouvement est rendu par les postures corporelles des personnages : on danse, on court, on se poursuit, on saute, on marche, on est assis sur le sol ou à cheval… Le mouvement est aussi rendu par les différentes hauteurs des pieds sur un sol incertain, constitué de courbes angulaires ou arrondies et qui annule l’effet habituel de perspective.
Sur le plan formel, au centre droit, un homme saute en l’air. Son mouvement vertical est accentué par des lignes courbes et l’oppose aux autres mouvements horizontaux. Il sépare la partie gauche : le mariage et la joie, de la partie droite : le reproche et la tristesse.
Quoi ? Comment ?
Le fond est une base d’ocre. Les couleurs sont chaudes, à dominante de couleur de terre. Les personnages se détachent du fond clair, par l’emploi de couleurs plus intenses, et par un contour plus foncé de leur silhouette. L’ensemble est constitué d’arabesques répétitives souvent concentriques, plus claires. Le fond est un labyrinthe de lignes ocre jaune.
Le style, fait d’une répétition de lignes concentriques, est « une paraphrase d’un style familier de la côte à la veille de 1900, celui des villas peu à peu détruites, où sont peintes les courbes sous-marines, des gerbes d’iris, des algues et les chevelures du Modern-Style…»
Qui ? Quoi ? Quand ?
La noce d'un village imaginaire et mauresque se déroule selon le rite inscrit dans le tableau : la femme doit suivre son mari. Cet usage, disparu du Code avec l'émancipation féminine, reste cependant dans les mémoires. A gauche, le jeune ménage à cheval s'apprête à partir. Des jeunes filles apportent des présents, un aveugle une orchidée.
A l’opposé du tableau, une femme mûre portant un voile jette un regard désapprobateur sur cette union. Encore plus à droite, une jeune fille se lamente dans les bras du frère de l’époux (mêmes habits) qui se tourne avec reproche vers le couple.
A droite un homme leur jette un regard dur, il soutient sa sœur, délaissée par l’époux, qui se lamente dans ses bras, à sa gauche la mère fâchée, désapprouve cette union.
La savez-vous ?
Jean Cocteau a peint le décor de la salle des mariages de la Mairie de Menton proposant des formes et du sens :
« Organiser les mystérieuses noces du conscient et de l’inconscient, de la beauté reproduite (figurative) et de la beauté produite (abstraite)
L’une mise en branle par l’art grec reproduisant les formes de la nature, l’autre par l’art nègre produisant des tatouages et des déformations physiques aptes à contrarier les formes naturelles … j’avais, à mon insu, décoré cette salle dans le style du palais de Crète. »
Considérant aussi que le mariage civil manquait de faste, il lui a donné une nouvelle théâtralité : « … voilà l’ensemble qui m’aide à rendre moins sévère la rigueur du code Napoléon… »
Énigme
Dans la salle des mariages, ces mariés anonymes qui partent à cheval, font face à un couple célèbre peint aussi par Jean Cocteau mais qui est séparé.
Lequel ?
Mots-clés
Arabesques, Linges concentriques, Anthropomorphe, Modern-Style, Maure
Parcours culturel
- Parcours Histoire des Arts : interrelation avec les deux autres fresques de Cocteau dans cette même salle des mariages, contact avec des fresques et d’autres formes artistiques du XXe siècle : Cocteau à Menton, Picasso à Vallauris, Matisse à Vence.
- Parcours géographique : Parcours Cocteau de Menton à Villefranche-sur-Mer (Menton : le musée Cocteau, la salle des mariages, le bastion, Villefranche-sur-Mer : la chapelle, Cap-Ferrat : la villa Santo-Sospir).
- Parcours intellectuel et sensible : Peinture murale sacrée et profane dans les Alpes-Maritimes ( de Notre-Dame des Fontaines à La Brigue, aux murs peints sur le thème du cinéma à Cannes).
Thématiques en histoire des arts
La noce d’un village imaginaire peut être interrogée en 3e par différentes thématiques, en particulier :
Arts, États et pouvoir : la relation entre cette œuvre, sa thématique reliant vie privée et publique, sa situation dans une salle municipale, le code civil qui régit le mariage.
Arts, technique, expression : les techniques employées par Jean Cocteau et les effets expressifs rendus
Disciplines
6e | 5e | 4e | 3e | |
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Français | Lecture de l’image : narration à partir de cette œuvre. Écrits : à partir de la fresque pour développer l’imagination. | Lecture de l’image : - couleurs et lumière : - rapports entre textes et images (illustration, complément…) Écrits : - description de lieux (salle des mariages), - à partir de la fresque pour développer l’imagination. | Lecture de l’image : dénotation et connotation Écrits : - prolongement narratif en relation avec cette œuvre. - portrait (littérature et peinture) | Lecture de l’image : - dénotation et connotation - portrait (littérature et peinture) - poésie et peinture - poésie contemporaine : illustrations de Cocteau. Écrits : - récit complexe (monde réel ou imaginaire) à partir d’un tableau - texte poétique (expression de soi) à partir de l’étude d’œuvres artistiques |
Histoire-Géographie | Le monde des années 50 (après la la Seconde Guerre mondiale, la vie politique en France, les changements dans la société française, les Trente Glorieuses) | |||
Arts plastiques | L’objet et l’œuvre : - approche de l’objet - objets présents dans la fresque - notion de contraste | Images, œuvre et fiction : - « Univers réel/univers fictionnel dans le dessin ou la peinture » ; - Représentation subjective du monde (figure humaine, paysage, objet) | Images, œuvre et réalité : - Les différents traitements de la figure humaine (le corps objet, portrait de groupe) | L’espace, l’œuvre, le spectateur : étude de l’espace de l’œuvre (histoire, mise en valeur) ; jardin, sculptures, décor mural : quelle mise en scène ? |
Histoire des arts | Étude de la vie et de l’œuvre de l’artiste. Thématiques : « Arts techniques, expression », « Arts, ruptures, continuités », « Arts, créations, cultures. |
Questionnement
Pictural | Historique | Narratif |
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Éléments plastiques : - Couleurs - Formes - Techniques employées |
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Scénarii pédagogiques
Scénario 1
Didactique : la rencontre avec l’œuvre comme dernière étape d’un parcours de formation. Il y a plusieurs parcours possibles avec de multiples combinaisons auxquelles contribuent différentes disciplines : personnages représentés, artiste, techniques picturales, technique et forme du triptyque, usages de l’œuvre…
Montrer ou pas une copie de l’œuvre dessine aussi des choix pédagogiques.
Objectif pédagogique : faire de la rencontre avec l’œuvre, étape ultime, un temps de plaisir, une récompense, où l’élève a l’occasion de mettre en action ses connaissances et une culture précédemment acquises (historiques, littéraires, artistiques…). Il est en position de percevoir l’ensemble des éléments constituant, de les reconnaître et les identifier, de questionner la totalité de l’œuvre dans sa manifestation sensible réelle.
Scénario 2
Didactique : la rencontre avec l’œuvre comme étape centrale d’un parcours de formation. En amont et en aval, il y a plusieurs parcours possibles avec de multiples combinaisons : personnages représentés, artiste, techniques picturales, technique et forme du triptyque, usages de l’œuvre … leur nombre et leur approfondissement sont plus restreints que dans le premier scénario. Montrer ou pas une copie de l’œuvre dessine aussi des choix pédagogiques.
Objectif pédagogique : préparer la rencontre avec l’œuvre et en tirer ensuite partie.
Grâce à la première étape, la rencontre avec l’œuvre est l’occasion d’éprouver du plaisir à mettre en action des connaissances partielles précédemment acquises (historiques, littéraires, artistiques…). L’élève est en position d’identifier certains de ses éléments constituant, d’en percevoir d’autres qui lui sont à ce moment-là encore inconnus, et de questionner une partie de l’œuvre dans sa manifestation sensible réelle.
Dans un second temps en établissement, l’élève continue à questionner l’œuvre au travers du souvenir qu’il en a en faisant jouer de nouvelles connaissances ou en approfondissant celles déjà acquises. Il passe ainsi par une étape de réflexion après la perception, préalable de toute prétention à la construction d’une culture artistique.
Scénario 3
Didactique : la rencontre avec l’œuvre sans préparation préalable comme point de départ d’un parcours de formation.
Objectif pédagogique : faire de la rencontre avec l’œuvre une occasion de découverte non guidée susceptible d’impulser la perspective d’en savoir plus…
Le temps de la rencontre est l’occasion de mettre en phase le plaisir de la découverte, les capacités de perception de l’élève libérés provisoirement des cadres scolaires et sa culture ancienne un peu enfouie.
Dans un second temps en établissement, l’élève continue à questionner l’œuvre au travers du souvenir qu’il en a et à partir duquel il acquiert de nouvelles connaissances. Après l’étape de la perception il passe par celle de l’apprentissage et de la construction d’une culture artistique.