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Publié le - Mis à jour le
Fernand Léger, influencé par Cézanne, même une recherche systématique sur les contrastes de formes et de couleurs poursuivie jusqu’en 1914. A son retour du front de la Première Guerre mondiale, les thèmes urbains de la mécanique, de la machine, deviennent prédominants. Il est un défenseur de thèmes accessibles au grand public. Ses œuvres proposent un réalisme reflétant le monde contemporain, sa monumentalité, confirmé par ses séjours à New-York en 1940.
1950, c’est l’époque de la reconstruction de la France après la Seconde Guerre mondiale.
Les Constructeurs s’adresse à l'artiste comme à l'ouvrier, c’est une œuvre, à la puissance épique et monumentale où l'expression sociale du travail est proposée.
Cette peinture est une image allégorique de l’homme au travail, Léger en structure l’espace pictural en équilibrant les formes et les couleurs. C’est une esthétique de la modernité.
La version finale clôture une série des Constructeurs composée d’études, de gouaches où Léger traite soit l'espace métallique, soit les hommes en action et leur effort collectif.
De nombreux croquis de détail reprennent le motif des pantalons ou des mains déformées par le travail. Dans un texte à la mémoire de son ami, le poète Maïakovski, Léger écrit : « Les mains lourdes des ouvriers ressemblent à leurs outils, leurs outils à leurs mains ... leurs pantalons à des montagnes, à des troncs d'arbres. Un pantalon est vrai quand il n'a pas de pli. »
Et Paul Éluard dans un poème sur Les Constructeurs écrit : « Nos mains sont les étoiles de notre drapeau. »
L’œuvre et ses dessins préparatoires ont été exposés à la maison de la pensée française en 1951.
Le sujet de toutes ces œuvres n'est pas la représentation de l'histoire : c'est l'homme dans sa vie quotidienne, au travail ou en vacances, l'homme moderne. Fernand Léger peint l’homme nouveau et ses espoirs d'une vie plus heureuse et plus colorée.
Une très grande toile de 3 mètres de largeur sur 2,20 de hauteur, un ciel bleu absolu, sur lequel se détache un assemblage de poutres métalliques en train d’être assemblées par les constructeurs. La toile présente violente tension entre les hautes poutres de fer et les ouvriers minuscules plaqués sur le bleu cru du ciel.
Une composition très forte où, sur les lignes droites des poutres peintes en à-plat, se détachent en contrepoint les ouvriers en ombrés traités à l’identique des nuages en affirmant l’espace et la lumière.
Jouant sur les fausses perspectives et les couleurs, Léger organise un espace quadrillé par les poutrelles dressées à l’infini.
La corde, dans la partie droite, et les nuages apportent une rupture dans la verticalité.
Les souches de bois évoquent la nature, les arbres très présents dans l’œuvre de l’artiste.
Les ouvriers bâtisseurs, tels des acrobates, défient les lois de l’équilibre.
La composition s’organise de bas en haut par le réseau des poutrelles se prolongeant hors du cadre.
La répartition des couleurs rythme l'ensemble de la composition qui propose un enchaînement de lignes, d’axes accentué par les cernes noirs.
Les quatre ouvriers sont rassemblés en un groupe, ils travaillent de manière solidaire, ils sont des héros modernes, ils bâtissent un monde nouveau ; deux autres constructeurs sont en équilibre dans la partie supérieure du tableau, ils sont « aériens ».
La série des constructeurs est constituée d’une dizaine de tableaux et de nombreuses études et croquis, Les Constructeurs, du musée Léger de Biot est la version la plus aboutie.
Maïakowski, en 1923, décrit Fernand Léger ainsi : « Trapu, il ressemble à un ouvrier. Il considère son travail comme un métier comparable aux autres. C'est un plaisir de voir la beauté de ses formes industrielles, son absence de crainte devant le réalisme le plus brutal. »
Léger, lui même, précise les origines de son projet Les Constructeurs : « Quand j’ai bâti Les constructeurs, je n’ai pas fait une concession plastique. C'est en allant à Chevreuse que l'idée m'est venue. Il y avait près de la route trois pylônes de lignes à haute tension en construction. Perchés dessus, des hommes y travaillaient. J'ai été frappé par le contraste entre ces hommes, l'architecture métallique, les nuages du ciel. Les hommes sont petits, comme perdus dans un ensemble rigide, dur, hostile. C'est cela que j'ai voulu rendre sans concession. J'ai évalué à leur valeur exacte le fait humain, le ciel, les nuages, le ciel. »
Pour connaître le sentiment des travailleurs vis-à-vis de son œuvre, accroche ses Constructeurs dans la cantine de l’usine Renault de Billancourt.
« J’ai apporté les Constructeurs aux usines Renault et on les a installés dans une cantine. À midi, les gars sont arrivés… mes toiles leur semblaient drôles. Moi je les écoutais et j’avalais tristement ma soupe. Huit jours plus tard je suis retourné manger à la cantine. L’atmosphère avait changé… Qui sait, les toiles les intriguaient-ils ?... Un gars me dit : « vous allez voir, ils vont s’apercevoir mes copains, quand on aura enlevé les toiles, quand ils auront le mur tout nu devant, ils vont s’apercevoir ce que c’est que vos couleurs…’ ça fait plaisir ça !... » Fernand Léger
Les constructeurs sont solidaires entre eux. Comment Fernand Léger le montre ?
Les Constructeurs, peinture de Fernand Léger est interrogeable par différentes thématiques, en particulier (pour le collège) :
Arts, techniques, expression (Grands formats, techniques picturales, représentation et abstraction), Arts, ruptures, continuités et Arts, créations, cultures.
Thématiques proposées par le musée national Fernand Léger de Biot :
1) La machine chez Fernand Léger (primaire, collège, lycée)
(BO n°32 période historique « le XXème siècle et notre époque », thématiques « Arts, techniques, expressions », « Arts, sciences et techniques »).
2) Les objets chez Fernand Léger (primaire, collège)
(BO n°32 période historique « le XXème siècle et notre époque », thématique « l’objet »).
3) La figure humaine chez Fernand Léger (primaire, lycée)
(BO n°32 période historique « le XXème siècle et notre époque », thématique « Arts, corps, expressions »).
4) La couleur chez Fernand Léger (primaire, lycée)
(BO n°32 période historique « le XXème siècle et notre époque », domaine artistique « Arts du visuel »).
5) Le cinéma chez Fernand Léger (primaire, collège, lycée)
(BO n°32 période historique « le XXème siècle et notre époque »,, thématiques « l’œuvre d’art et le dialogue des arts », « Arts, informations, communications»).
Niveaux | Axes des programmes | Contribution à l'Histoire des Arts | Œuvres/documents en échos | Transversalité |
---|---|---|---|---|
De la 6e à la 3e | Histoire-Géographie Le monde depuis 1914. L’après Deuxième Guerre mondiale | Image étudiée comme objet d’histoire | Relation thématique :
Du réalisme à l’abstraction dans l’après-guerre, Picasso, Braque. | Les relations entre arts visuels et poésie, illustrations ou résonances. |
Français Lecture de l’image: fonctions descriptives, notions d’angles, de couleurs, de la lumière. | Interprétation d’une œuvre d’art
Notion de citation, de récit… Schéma narratif... | Relation thématique : Poèmes de Maïakovski, de Paul Eluard | ||
Arts plastiques Images, œuvre et fiction :« univers réel/univers fictionnel dans le dessin ou la peinture » | Supports et matériaux picturaux, geste.
Notion de blancs cassés, de tons rompus. Étude de la composition. | Relation avec d’autres œuvres de Fernand Léger: La partie de campagne, 1954 ; La grande Parade, 1953 |
Pictural | Historique | Narratif |
---|---|---|
Éléments plastiques : Couleurs/ Espaces/ Techniques/ Matériaux/ Matières/ Supports/ Symboles/ Lignes/ Figures | XXe siècle. Post- Seconde Guerre mondiale. Le monde en mutation dans la modernité : l’abstraction | Le message par l'image Forme et symbole Espace et fonction |
Dans le cadre des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI)
Thématiques suggérées, culture et création artistiques :
L’approche plurielle de la création artistique, autour des œuvres de Fernand Léger
- Déplacement au musée pour avoir un contact physique et sensible avec la (les) peinture(s)
- Rencontres et échanges avec les responsables des publics du musée.
- Prises de notes, de croquis, de photos (si possible)
- Débat élèves –professeurs sur les œuvres, le musée.
- Emergence des diverses approches possibles, constitutions de groupes de travail.
- Codécision sur les objectifs à atteindre, réflexion sur les conditions de possibilité.
- Proposition d’ateliers d’approche de l’œuvre
- Les groupes constitués passent d’un atelier à l’autre, dans le temps.
- Chacun, chaque groupe, constitue progressivement un ensemble de productions.
- Préparation
- Présentation
- Débat avec les élèves sur le positif/le négatif, ce qu’il faut changer, faire évoluer…
ESSAIS
CATALOGUES D’EXPOSITION
ÉCRITS DE L’ARTISTE
CORRESPONDANCES